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La question de l’identité de l’Européen se révèle d’une grande profondeur lorsqu’on l’examine sous l’angle civilisationnel. Il est possible d’identifier trois ancrages majeurs qui ont forgé l’âme et la conscience collectives du continent : l’appartenance européenne, l’extension occidentale et l’héritage indo-européen ou aryen. Chacune de ces dimensions nourrit un pan essentiel de la culture, de la vision du monde et de la spiritualité de l’Européen.
L’identité européenne : un creuset de peuples et de cultures
Héritage gréco-romain

La base de l’identité européenne s’enracine tout d’abord dans un passé où se côtoient l’héritage de la Grèce et de Rome, entre mythologie et philosophie. Les cités-États helléniques, berceau de la philosophie, de la tragédie et de la réflexion politique, ont légué à l’Europe le goût de la rationalité et du débat. Cette impulsion intellectuelle s’est également nourrie de grands récits fondateurs, transmis notamment par Homère (avec l’Iliade et l’Odyssée) et Hésiode (à travers la Théogonie et les Travaux et les Jours). Le panthéon grec – avec Zeus, Héra, Athéna ou encore Apollon – a profondément marqué l’imaginaire européen, véhiculant une vision du monde mêlant héros, dieux et mortels, et ancrant la notion de mythe au cœur de la culture.
La notion grecque d’Arété, généralement traduite en français par « vertu » ou « excellence », a profondément marqué la conception européenne de l’accomplissement personnel et de la valeur morale. Dans l’Antiquité, cette idée fondée sur quatre pilliers désignait la qualité propre au héros homérique autant qu’’à l’homme sage recherchant l’équilibre et la justice dans la cité’au philosophe. Transmise et réinterprétée au fil des siècles, notamment à travers les écrits de Platon et d’Aristote, l’Arété a inspiré la vie intellectuelle et spirituelle de l’Europe, poussant chaque individu à viser l’excellence et la juste mesure, et infusant dans l’éducation, la philosophie et les idéaux politiques un souci constant de perfection et de dépassement de soi.
Rome, quant à elle, a imposé une vision du Droit, de l’administration et de la citoyenneté qui subsiste sous des formes diverses dans la plupart des pays européens. Comme le prouve l’œuvre de Marc Aurèle, Les Romains ont été aussi des continuateurs de l’héritage grec, par exemple en matière de philosophie stoïcienne.
Dans un troisième temps, une religion orientale – le christianisme – a imprégné les mentalités tout en se voulant une continuité. Les Églises chrétiennes ont influencé l’art et la morale, apportant une idéologie aujourd’hui remise en cause de plusieurs façons.
L’Europe ne serait pas sans le Nord

Au fil du temps, d’autres peuples se sont greffés à ce socle gréco-romain, enrichissant considérablement la matrice culturelle européenne. C’est notamment le cas des peuples du Nord (germaniques et scandinaves) et des Slaves, dont l’intégration progressive a élargi le champ des traditions et des mythes partagés.
Avant de s’implanter dans les systèmes politiques et juridiques hérités de Rome, les peuples germaniques et scandinaves disposaient de leurs propres codes légendaires et d’une organisation sociale fondée sur des assemblées de guerriers (Thing) et des hiérarchies tribales. Leur culture se caractérisait par la valorisation de l’exploit martial, la poésie scaldique et le culte d’entités mythologiques (dieux Ases et Vanes) évoqués dans les sagas. Cette facette de l’héritage européen est moins connue que la Grèce classique mais mérite d’être valorisée. L’arrivée progressive de l’influence gréco-romaine a permis de croiser des pratiques ancestrales propres au Nord avec l’esprit civique et légal romain et la philosophie grecque. Ainsi, les traditions orales du Nord se sont mêlées à l’usage du Droit écrit et à des formes d’administration plus centralisées, façonnant des royaumes ou des confédérations capables de s’inscrire dans la sphère européenne tout en préservant leur identité propre.
Les Slaves, installés sur une large partie de l’Europe centrale, orientale et balkanique, constituent également un ensemble culturel foisonnant, avec leurs propres systèmes de croyances et leurs récits mythologiques. Les fêtes agraires, les chants rituels et les épopées orales rythmaient la vie des communautés avant le développement de la Chrétienté. L’influence gréco-romaine, transmise par le contact avec l’Empire byzantin ou, plus tard, par les échanges commerciaux et politiques avec les États d’Europe centrale, a progressivement transformé ces sociétés. Des codes juridiques inspirés du Droit romain ont pu se superposer aux coutumes locales, tandis que l’écriture et la mise en forme de chroniques historiques ont favorisé l’émergence d’États structurés. Cette hybridation a permis aux peuples slaves de développer leur propre identité européenne, dotée d’un fort ancrage traditionnel et d’une ouverture sur le monde du Droit d’inspiration latine.
L’Europe, une et multiple
Par-delà ces fondements communs, l’Europe est formée d’une mosaïque de peuples et de langues. Du portugais au russe, du suédois au grec, la variété des idiomes témoigne d’une richesse culturelle exceptionnelle. Pourtant, une unité se dessine : la plupart des langues européennes (à l’exception notable du basque, du finnois et du hongrois) appartiennent à la grande famille indo-européenne. Cet héritage linguistique commun illustre la profonde parenté entre les nations qui composent l’Europe et qui entendent se donner une communauté politique, bien qu’il existe un débat sur le degré d’union adéquat.
Continuité historique et sens de la pluralité
À travers les siècles, les royaumes, les empires puis les nations ont entretenu des liens d’échange et d’influence réciproque. Il y a aussi eu des guerres fratricides dont il faut tirer un bilan sincère. Il en est résulté une conscience européenne, certes multiple, mais traversée par des références communes : traditions d’érudition, valorisation des arts, goût pour l’histoire et la préservation des monuments, tout cela contribuant à forger un sentiment civilisationnel solidement ancré face aux tempêtes qui approchent.
L’identité occidentale : un élan vers la connaissance et la technique
La science et la raison comme piliers

L’Europe, en tant que partie constitutive de l’Occident, s’est distinguée par sa quête de connaissance et son désir de percer les mystères du monde. Depuis la révolution scientifique, les savants européens ont multiplié les découvertes en astronomie, en physique, en médecine et dans de nombreux domaines qui ont considérablement amélioré la compréhension et la maîtrise de la nature. Cet élan intellectuel se double d’une volonté de systématisation et de rigueur, caractéristiques de la pensée occidentale.
Progrès technique et industrialisation

La révolution industrielle, amorcée sur le continent, puis diffusée dans d’autres parties du globe, a transformé les sociétés occidentales. L’Occident, et notamment l’Europe, s’est imposé comme un moteur essentiel de l’innovation technologique : inventions dans les transports, l’énergie, la chimie, l’informatique. Ce dynamisme, qu’on associe généralement au progrès (et qui n’est pas à confondre avec l’idéologie progressiste), a certes pu engendrer des bouleversements sociaux, mais il témoigne d’une formidable capacité à expérimenter, à remettre en question l’acquis et à avancer.
Les États-Unis sont aujourd’hui considérés comme le phare de l’innovation, à l’image d’Elon Musk, de ses rêves et de ses réussites. Ce pays incarne d’autant plus la civilisation occidentale en ce que l’Occident se distingue de l’Europe à partir de l’expansion démographique des Européens vers l’Ouest.
L’esprit d’entreprise et d’exploration

L’identité occidentale se caractérise également par un esprit d’aventure et d’exploration. De grandes expéditions maritimes, terrestres et scientifiques, depuis la Renaissance jusqu’à l’époque contemporaine, ont emmené les Européens aux quatre coins du monde. Cet élan a suscité la cartographie, la recherche de nouvelles routes commerciales, mais aussi la curiosité envers d’autres civilisations. S’il a donné lieu à des échanges féconds, il a également soulevé des questions quant à la rencontre de peuples et de cultures différentes.
Néanmoins, il demeure un trait saillant de l’Occident : se projeter au-delà de ses frontières pour découvrir, comprendre, conquérir parfois, mais toujours avec l’idée d’élargir l’horizon du savoir. L’Occident est une fusée d’Elon Musk.
L’héritage indo-européen : la racine spirituelle et mythique

Les langues indo-européennes comme fil conducteur
Un aspect trop souvent négligé dans l’identité de l’Européen réside dans les origines communes de la plupart de ses langues. Le français, l’allemand, l’italien, le russe, le grec et bien d’autres découlent d’un proto-langage appelé « indo-européen », parlé il y a plusieurs millénaires. Cette parenté n’a pas seulement une importance linguistique : elle révèle également l’existence d’un tronc culturel ancien, dont la diaspora a nourri différentes civilisations.
Un fonds mythologique et religieux commun

Outre la langue, les mythologies européennes partagent des schémas récurrents qui témoignent d’une origine commune. Les panthéons grecs, romains, celtiques, germaniques, slaves et védiques (en Inde) présentent des structures similaires, avec des figures divines correspondant souvent à des fonctions comparables (souveraineté, guerre, fertilité, etc.). Les travaux de chercheurs comme Georges Dumézil ont mis en évidence cette trame civilisationnelle, soulignant l’existence de récits fondateurs et de cultes à la symbolique proche d’un bout à l’autre de l’aire indo-européenne.
La profondeur spirituelle de l’héritage aryen

Si l’on revient à son sens originel et savant, l’aryen désigne une branche des peuples indo-européens ayant migré vers l’Iran et l’Inde. L’aryanité correspond à l’idée d’un socle commun renvoyant à une dimension spirituelle profonde, antérieure à la christianisation, qui a continué d’influencer l’imaginaire collectif européen : respect de la nature, sens du sacré lié au cycle des saisons et aux forces élémentaires, importance de la parole rituelle, etc…
Ce fonds archaïque, loin de s’être totalement effacé, a parfois resurgi dans les courants romantiques, dans l’étude des folklores, et inspire encore nombre d’artistes, de penseurs et de chercheurs.
Cette troisième facette de l’identité est probablement celle dont l’Européen d’aujourd’hui a le moins conscience. Elle est pourtant fondamentale, par exemple dans le domaine de la spiritualité, et idéalement complémentaire de la facette occidentale. En revivifiant notre aryanité, on peut redevenir pleinement spirituel et religieux sans avoir besoin d’influence exogène.
Un regard synthétique sur la civilisation européenne

Reconnaître la triple identité – européenne, occidentale et aryenne – permet d’appréhender de façon plus complète l’essence civilisationnelle des peuples du continent. Chaque cercle apporte une nuance particulière :
- Le cercle européen souligne le particularisme spécifique au continent.
- Le cercle occidental reflète la vocation de l’Europe à embrasser la connaissance, la technique et l’exploration, impulsant le progrès scientifique et industriel.
- Le cercle indo-européen, enfin, éclaire les racines linguistiques et spirituelles plus anciennes, préchrétiennes, qui confèrent un socle mythique et symbolique à la conscience collective.
Cette vision ne se veut pas réductrice ; elle ne prétend pas gommer les différences ni les apports d’autres civilisations. Elle vise plutôt à rappeler le sillage profond et complexe dans lequel s’inscrit l’Européen moderne. À l’heure où l’on parle souvent d’effacement des frontières et d’indifférenciation culturelle, revisiter ces racines offre un point d’ancrage solide pour comprendre qui nous sommes, d’où nous venons, et où nous allons.

L’Européen d’aujourd’hui hérite d’un patrimoine qui dépasse la simple appartenance nationale ou les enjeux politiques immédiats. Enracinée dans l’histoire longue, l’Européanité s’enrichie simultanément à travers trois dimensions complémentaires :
- L’Europe comme foyer de peuples unis par des références ethno-culturelles communes.
- L’Occident comme Europe étendue ; espace de la connaissance, de la technique et de l’exploration, dont l’élan s’est diffusé dans le monde entier.
- L’Aryanité comme matrice linguistique et spirituelle, témoignant d’un ancien âge commun qui continue de nourrir l’imaginaire et la symbolique européens.
En reconnaissant et en valorisant cette triple appartenance, les Européens renouent avec la profondeur de leur héritage. Cette perspective ne vise ni l’exclusion ni la supériorité, mais une conscience plus claire de la trame civilisationnelle dans laquelle chacun s’inscrit. C’est en redécouvrant ces fondements, en réaffirmant la continuité historique, que l’Européen peut entrevoir la force et la singularité de son identité, dans toute sa complexité et sa richesse.