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Athéna est l’une des divinités les plus importantes de la religion nationale grecque. Fille de Zeus, elle incarne la sagesse, la stratégie militaire, la protection des cités et le progrès technique. Différente de Arès ou Enyalos, qui représentent la fureur et la brutalité guerrières, Athéna symbolise une facette de la guerre teintée de raison, fondée sur l’intelligence et la vertu.
Les récits traditionnels d’Athéna : une Déesse née du génie divin
La naissance d’Athéna : un mythe de la sagesse et de la puissance
L’un des récits les plus célèbres de la mythologie grecque concerne la naissance d’Athéna :
«Zeus le roi des Dieux prit pour première épouse Mètis, qui en sait plus long que les Dieux et que les hommes qui meurent. Mais au moment où elle allait accoucher d’Athéna Yeux-de-chouette, alors il trouva le moyen de la tromper par son astuce. En lui disant de douces paroles, il la mit dans son propre ventre.»
Hésiode, Théogonie1
Selon Hésiode, Zeus, craignant une prophétie annonçant que Métis enfanterait un fils plus puissant que lui, avale sa compagne alors qu’elle est enceinte. Plus tard, pris de douleurs insoutenables, il demande à Héphaïstos (ou Prométhée selon certaines versions) de lui fendre le crâne avec une hache. C’est alors qu’en jaillit Athéna, déjà adulte, vêtue d’une armure et poussant un cri de guerre.
Symbolisme de cette naissance
- Athéna naît sans mère humaine, ce qui la rend incorruptible et pure.
- Issue de la tête de Zeus, elle incarne la sagesse et l’intellect.
- Elle apparaît déjà armée, montrant sa nature militaire et protectrice.
Athéna et les héros : une protectrice stratégique

Athéna joue un rôle fondamental dans l’épopée grecque, où elle apparaît comme la protectrice des plus grands héros.
Ulysse : l’intelligence au service de la survie
Dans L’Odyssée, Athéna est l’alliée d’Ulysse, qu’elle guide et protège face aux dangers :
« Athéna, la Déesse aux yeux pers, pensa alors à un autre stratagème : elle s’en alla vers la vaste ville et, prenant l’apparence d’une jeune fille, elle se plaça près de lui pour le guider.2«
Homère, Odyssée
Athéna protège Ulysse des Dieux hostiles, notamment Poséidon. Elle le conseille sur son retour à Ithaque et le guide dans ses ruses.
Achille et la maitrise de soi

Dans L’Iliade, Athéna intervient pour empêcher Achille d’agir sous l’emprise de la colère. La Déesse descend du ciel dépêchée par Héré. Elle s’arrête derrière le Péléide et lui met la main sur ses cheveux blonds :
« Je suis venue du ciel pour calmer ta fureur. Me veux-tu obéir ? (…) Allons ! clos ce débat, et que ta main ne tire pas l’épée. Contente toi de mots, et pour l’humilier, dis lui ce qu’il attend. Va, je te déclare, et c’est là ce qui sera : on t’offrira un jour trois fois autant de splendides présents pour prix de cette insolence. Contiens toi et obéis nous».3
Athéna selon Homère, Iliade, I, 195-210
Les épiclèses et cultes d’Athéna
Athéna était vénérée sous différentes épiclèses (noms cultuels) en fonction de son rôle et du lieu de son culte. Chaque cité grecque lui attribuait des aspects particuliers, soulignant sa polyvalence et son importance dans la religion grecque. Citons notamment :
Épiclèse | Cité associée | Signification et rôle |
---|---|---|
Athéna Poliouchos | Sparte | Gardienne de la cité et garante de la stabilité politique. |
Athéna Polias | Athènes | « Protectrice de la cité », culte majeur sur l’Acropole |
Athéna Parthénos | Athènes | « Vierge », aspect inviolable et pur |
Athéna Promachos | Athènes | « Qui combat en première ligne », protectrice des soldats |
Athéna Ergane | Athènes | « Travailleuse », patronne des artisans et du tissage |
Athéna Chalkioikos | Sparte | « Au temple de bronze », culte militaire et protectrice de la cité |
Athéna Alea | Tégée | Protectrice et guérisseuse |
Athéna Nike | Athènes | Associée à la victoire |
Athéna Ergane | Athènes, Sparte | Protectrice des artisans et des travailleurs manuels, culte moins répandu à Sparte qu’à Athènes. |
Athéna Itonia | Sparte | Aspect militaire d’Athéna, associée aux hoplites et aux préparations de guerre. |
Athéna Polias : la protectrice suprême de la cité

Le culte d’Athéna Polias (Ἀθηνᾶ Πολιάς, « protectrice de la cité ») était le plus ancien d’Athènes. Son sanctuaire, sur l’Acropole, abritait une statue de bois (xoanon), censée être tombée du ciel.
Le culte d’Athéna Polias était central dans les Panathénées, fête où l’on offrait un péplos brodé à la Déesse4. Cette cérémonie renforçait l’unité civique et l’identité athénienne.
Athéna Parthénos : la majesté de la Déesse pure
L’Athéna Parthénos, sculptée par Phidias en or et en ivoire, était l’icône de la suprématie athénienne :
- Égide ornée de la tête de Méduse → Protection divine.
- Victoire (Niké) dans sa main → Référence à la puissance d’Athènes.
- Bouclier représentant la Gigantomachie → Symbole de l’ordre.
La statue était plus qu’une œuvre d’art. Elle symbolisait le pouvoir de la démocratie athénienne et la domination sur les autres cités grecques.
Athéna dans la philosophie grecque
Athéna est présente dans la pensée théologique grecque, notamment chez Platon et Proklos.
Athéna chez Platon : symbole de la sagesse et de la cité vertueuse
Platon compare la cité idéale à Athéna, citant la Déesse dans le Timée.5
«Parce que la Déesse émet la guerre et le savoir , elle a choisi ce lieu , qui était susceptible de porter les êtres humains présentant avec elle la ressemblance la plus étroite virgule et elle fonda votre cité en premier»
Platon, Timée6
Dans Critias7, Platon décrit Athéna et Héphaïstos comme étant les Dieux liés au savoir, aux arts, à la raison et à la sagesse :
«Puis après y avoir fabriqué des autochtones qui étaient homme de bien, ils établirent le type de constitution politique qui répondait à leur vue»
Platon fait des références à Athéna Au sujet de la raison et de la bonne utilisation de l’intellect, comme dans Les Lois8à l’égard de l’Étranger d’Athènes.
Athéna chez Proklos : sagesse qui éclaire les âmes

Avec le Néoplatonisme et jusqu’à Gémistos Pléthon, Athéna se rapporte à un principe métaphysique fondamental. Dans son commentaire du Timée, Proklos la décrit comme un intellect divin protecteur des cités, faisant une référence au monde des Formes :9
Athéna est ici une Déesse hypercosmique, suivant la hiérarchie divine et cosmique de Proklos13. Athéna intervient aussi dans la triade des Corybantes, toujours au niveau encosmique. Elle est également un des douze Dieux séparés du monde, au niveau hypercosmique-encosmique, où Athéna est gardienne des vies inflexibles aux côtés d’Hestia et Arès au sein de la triade gardienne14.
Athéna et la politique athénienne : une divinité au cœur de la cité
Athéna a un rôle profondément politique dans les cités. Elle est étroitement liée au fonctionnement de la cité d’Athènes, mais aussi de Sparte15. Son culte était utilisé pour renforcer l’unité civique, légitimer le pouvoir et célébrer les victoires militaires.
Trois aspects essentiels :
- Les Panathénées : la grande fête civique et religieuse en son honneur.
- Le Parthénon : un monument politique et religieux.
- Son rôle dans les guerres d’Athènes.
Les Panathénées : une fête civique et religieuse à la gloire d’Athéna
Les Panathénées étaient la plus importante fête religieuse d’Athènes, célébrée en l’honneur d’Athéna Polias (« protectrice de la cité »). Elle avait une dimension à la fois religieuse, politique et artistique. Les Panathénées sont célébrées avec un éclat particulier, rassemblant tous les citoyens dans une grande procession qui traverse la cité jusqu’à l’Acropole, où l’on offre un nouveau péplos à la Déesse.16
Moments clés de l’éortasmos (célébréation) :
- La grande procession : tous les citoyens participaient à une marche solennelle jusqu’au temple d’Athéna sur l’Acropole.
- Le tissage du péplos : chaque année, un vêtement sacré brodé de scènes mythologiques était offert à la déesse.
- Les concours sportifs et musicaux : renforçaient l’idéal de l’arété (vertu/excellence) et célébraient la puissance athénienne.
Signification politique
- La fête servait à rassembler tous les citoyens sous la protection d’Athéna.
- Elle rappelait que la démocratie athénienne était sous la garde de la Déesse.
Le Parthénon : un monument religieux et politique
Le Parthénon, construit sous Périclès au Ve siècle av. J.-C., est le symbole de la suprématie d’Athènes.
Son programme iconographique glorifie Athéna
- Fronton est : la naissance d’Athéna, symbole de sagesse.
- Fronton ouest : le combat entre Athéna et Poséidon pour la ville.
- Frise des Panathénées : met en scène le peuple athénien, affirmant l’importance des citoyens dans la démocratie.
Un outil de propagande politique
- Le Parthénon servait à montrer la grandeur d’Athènes aux autres cités grecques.
- Il symbolisait l’idée que la démocratie et la civilisation triomphent sous la protection d’Athéna.
Athéna et la guerre : protectrice des cités et des Grecs
Athéna était invoquée avant les batailles comme protectrice de la cité.
Guerres médiques (490-479 av. J.-C.)
- Après la victoire sur les Perses, les Athéniens considèrent qu’Athéna les a protégés contre les envahisseurs.
- Le Parthénon est construit en partie pour commémorer la victoire et symboliser la suprématie grecque.
Guerre du Péloponnèse (431-404 av. J.-C.)
- Athènes se présente comme la cité d’Athéna face aux Spartiates, qui vénèrent Athéna Chalkioikos.
- Lorsque Sparte triomphe en 404 av. J.-C., certains Athéniens voient cela comme un abandon de la Déesse.
Les attributs iconographiques d’Athéna
Attribut | Description et signification |
---|---|
Égide | Peau de chèvre magique, symbole de protection. |
Casque | Représente son rôle de Déesse guerrière. |
Chouette | Symbole de sagesse et de clairvoyance. |
Olive | Symbole de paix et de civilisation. |
Lance et bouclier | Représentent la stratégie guerrière. |
Références
- Hésiode, Théogonie. vers 886-891, pages 85-86, Folio ↩︎
- Homère, Odyssée, XIII, 221-225 ↩︎
- Homère, Iliade. Chant I, 195-210, page 26, Les Belles Lettres ↩︎
- Pausanias, I, 24, 5 ↩︎
- Platon, Timée. 23e ↩︎
- Platon, Timée. 24d ↩︎
- Platon, Critias. 109d ↩︎
- Platon, Lois, Livre I, 626d ↩︎
- https://plethon.fr/2025/03/17/la-theorie-des-formes-ou-des-idees/ ↩︎
- Proklos, Commentaire sur le Timée, II, 98, pages 139-140, VRIN ↩︎
- Proklos, Théologie Platonicienne, Livre 5, page 128 à 131, Les Belles Lettres ↩︎
- Proklos, Théologie Platonicienne, Livre 6, page 52, Les Belles Lettres ↩︎
- Sujet qui sera traité dans des publications prochaines ↩︎
- Proklos, Théologie Platonicienne, Livre 6, chapitre des Dieux séparés du monde, Les Belles Lettres ↩︎
- https://plethon.fr/2025/02/10/lorganisation-divine-et-cosmique-de-sparte-partie-1/ ↩︎
- Pausanias, Description de la Grèce, I, 24, 5 ↩︎